vendredi 22 octobre 2021

Une intime conviction

 

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Une intime conviction (2017) d’Antoine Raimbault.

En 2009, Jacques Viguier est acquitté pour le meurtre de sa femme Suzanne. Mais le parquet interjette appel.

Nora a assisté au premier procès et a été convaincue de l’innocence de l’accusé. Mais elle craint qu’il ne soit jugé coupable en appel.

Elle va voir Maître Dupont-Moretti, LE ténor du barreau, pour le convaincre de défendre Viguier.

L’avocat commence par refuser, mais Nora s’acharne et il finit par accepter à condition qu’elle l’aide en écoutant, pour commencer, toutes les écoutes téléphoniques qui ont été faites pour commencer : et les écoutes mettent en évidence l’acharnement d’Olivier Durandet, amant de Suzanne, à faire accuser Viguier, quitte à aller jusqu’au faux témoignage.

Accusé du meurtre de sa femme, Jacques Viguier sera innocenté lors de ses deux procès en avril 2009 et, en appel, en mars 2010.

C’est ce procès en appel qui est le sujet du film.

Les « films de procès » sont souvent l’apanage de la cinématographie américaine, mais plus encore de la télévision américaine. Ils sont beaucoup plus rares chez nous. C’est d’autant plus remarquable quand ils sont réussis.

Celui-ci est une complète réussite. Sans rien enjoliver de ce que furent les faits, apparemment, il rend l’affaire passionnante.

Bien sûr, le film serait peut-être moins passionnant sans le personnage de Nora, personnage totalement fictif.

Contrairement à ce qui se passe dans les films (ou téléfilms) américains, ici, « l’affaire » Viguier est, en quelque sorte, vite expédiée.

D’ailleurs, il a été établi lors des deux procès que Jacques Viguier était innocent et qu’il avait été chargé par l’amant de sa femme qui n’avait eu aucun scrupule pour cumuler lobbying hystérique, faux témoignage et approximations se rapprochant le plus possible de la thèse du mari assassin.

Tout cela est dans le film très « naturellement » sans surcharge. Et le personnage de Nora, c’est, en plus d’être une « actrice » du scénario, le « grand public » avec ses excès, son hystérie, ses à-priori.

A ce niveau-là, Nora est l’opposé de celui qui lui sert de « patron » dans l’histoire, Éric Dupont-Moretti. Car ce qui fait l’immense intérêt du film, c’est qu’il est très rare qu’on montre avec une telle intelligence ce qu’est réellement un avocat et surtout, le doute.

« Depuis 12 hommes en colère, je n’ai pas vu de film de procès aussi bon. C’est vraiment l’apologie du doute. » commenta le principal intéressé, maître Dupont-Moretti, à la sortie de la projection à laquelle il venait d’assister.

Et toute cette intelligence, on la retrouve dans son casting impeccable du film depuis le mutisme de Viguier interprété par Laurent Lucas jusqu’à la logorrhée toxique de « l’amant » Olivier Durandet, remarquablement interprété par Philippe Uchan. Le film est porté par Marina Foïs qui donne à son personnage de Nora une épaisseur extraordinaire et bien sûr, Olivier Gourmet, un ténor du cinéma dans le rôle DU ténor du barreau.

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