samedi 30 octobre 2021

Tout s’est bien passé

 

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Tout s’est bien passé (2021) de François Ozon

Emmanuèle, une romancière travaille chez elle lorsqu’elle est appelée par l’hôpital : son père André vient de faire un A.V.C.

Elle retrouve sa sœur Pascale au chevet de leur père que son attaque a beaucoup diminué.

Intellectuel et hédoniste, André ne veut pas continuer à vivre et il demande à Emmanuèle de l’aider à mourir.

Elle commence par refuser, mais son père la contraint à joindre une association suisse d’aide au suicide.

En 2012, Stéphane Brizé réalisait un superbe film qui racontait l’affrontement d’un fils violent et de sa mère contraints à la cohabitation alors que la vieille dame, atteinte d’un cancer, faisait appel à une association suisse (comme ici) d’« assistance au suicide ».

Depuis, tout film traitant, peu ou prou, de « suicide assisté » ou (attention, gros mot !) d’« euthanasie » se réfère au film de Brizé.

Et c’est naturellement le cas ici. Mais contrairement à ce film, on ne voit pas « l’opération » dans Tout s’est bien passé.

Certains critiques ont reproché à ce film-ci d’être un peu trop léger pour la gravité du sujet.

Contrairement aux rapports violents entre la mère et le fils dans Quelques heures de printemps, la confrontation père-filles (elles sont deux) se fait à fleurets mouchetés, mais n’est pas plus simple pour autant.

André Bernheim, superbement incarné par André Dussolier (un jeu tout en finesse et une transformation physique impressionnante), est, dans le film comme dans le roman (et très probablement dans la réalité), « un homme à qui on ne peut pas dire non », comme le soulignent ses filles. Et François Ozon réussit à nous rendre cette volonté d’airain, cette propension à la manipulation et cet autoritarisme.

Autre superbe personnage, la « dame suisse », celle qui va « œuvrer » qui va « opérer » et qui prononcera la réplique éponyme : « Tout s’est bien passé », ce très beau personnage est incarné avec grâce et finesse par la grande Hannah Schygulla.

Du reste, le film bénéficie d’un casting 4 étoiles : en dehors d’André Dussolier et d’Hannah Schygulla déjà cités, il y a Charlotte Rampling, dans le rôle de l’épouse d’André, elle-même très malade et, surtout, les deux filles du « tyran », Sophie Marceau et Géraldine Pailhas : bien que la première soit censée être plus « importante » que sa sœur (Emmanuèle Benheim est l’autrice-narratrice du roman), le film ne donne pas (beaucoup) plus d’importance à l’une qu’à l’autre. Et elles sont superbes toutes les deux.

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