mardi 24 janvier 2023

Buried

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Buried (2010) de Rodrigo Cortés

 Paul Conroy, camionneur américain en Irak, se réveille. Il est dans un espace clos et s’aperçoit très vite que c’est un cercueil. Comme il a toujours son briquet, il réussit à avoir un peu de lumière. Il voit également qu’il a un téléphone portable qui va peut-être lui permettre de s’en sortir, car il n’a pas plus de 90 minutes d’oxygène.

Au départ il doit y avoir un pari, du style : « Je te parie que je peux faire un film de 95 minutes entièrement dans un cercueil ! »

Déjà, en 1965, quand Mankiewicz sortit de l’épreuve ô combien éprouvante d’une superproduction de 70 mm avec débauche de costumes, de décors, sans compter les royalties, les dépressions et quelques trachéotomies, il répondit à un journaliste qui lui demandait quel serait son prochain film : « Je ne sais pas, mais j’aimerais que ça se passe entre deux personnages dans une cabine téléphonique ! »

Or, le cercueil, c’est pire, si ce n’est que, de nos jours, avec les portables, un cercueil peut devenir une cabine téléphonique pour peu qu’il y ait un réseau et que l’occupant dudit cercueil ne soit pas mort, ce qui est plutôt rare.

En tous cas, le défi était de taille et il est relevé haut la main. Bien sûr, par moments, on a l’impression d’une pièce de théâtre radiophonique, mais justement, ce n’en est pas une ! Le film réussit à nous tenir en haleine et à ne pas nous lâcher pendant plus d’une heure et demie.

C’est pourquoi on est surpris de lire sous la plume de critiques professionnels que c’est un film de « petit malin » : ces pauvres crétins rangent-ils dans la catégorie des « petits malins » Hitchcock et ses défis (Lifeboat et La Corde), Mankiewicz et ses scénarios (Chaînes conjugales), Ophuls et sa mise en scène. Si tous ces gens-là étaient des « petits malins », les critiques en question, ce sont quoi ? Des gros ploucs ?

Car au-delà de la performance qui risque effectivement d’occulter le reste, il y a une histoire, l’histoire d’une sale guerre où on pousse des civils à devenir des bandits de grands chemins, où les grosses entreprises américaines sont assez répugnantes pour trouver un prétexte de licenciement à un mort en sursis pour qu’il soit « viré avant d’être mort » (ce qui évite les poursuites judiciaires de la part des héritiers). Et où on fait croire à un mort en sursis qu’il va s’en tirer comme d’autres s’en sont, soi-disant, tirés.

Au départ, il y avait peut-être un pari. A l’arrivée, il y a un excellent film qui dure 95 minutes et se passe entièrement dans un cercueil.

Petite note pour les petits merdeux qui sont devenus, par piston, par lien familiaux ou autres procédés moins avouables, distributeurs de films dans notre beau pays : Buried est un mot qui se traduit parfaitement en français par le mot « enterré » : ç’aurait pu être le titre français du film… par exemple.

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