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Le Bruit des glaçons (2010) de Bertrand Blier
Charles Faulque a été un auteur à succès. Il a eu le prix Goncourt, il a été fêté, puis il a décliné et s’est mis à boire (à moins que ce ne soit le contraire !).
Maintenant, c’est un écrivain qui boit, mais qui n’écrit plus. Sa femme l’a quitté en emmenant leur fils et il reste seul dans sa maison avec sa servante Louisa. Il ne se sépare jamais de son seau à glace dans lequel trône toujours une bouteille de vin blanc : il boit beaucoup de vin blanc, jusqu’à sept ou huit bouteilles par jour.
Un jour, le cancer de Charles arrive et s’impose à ses côtés, histoire de faire connaissance.
Après trois ou quatre ratages plus ou moins retentissants et quelquefois injustes, Le Bruit des glaçons marque le retour du grand Bertrand Blier, celui de Tenue de soirée, de Buffet froid, de Notre histoire…
La majeure partie de ses films mettaient en scène des trios (Les Valseuses, Préparez vos mouchoirs, Tenue de soirée, Trop belle pour toi), quelquefois des duos (Merci la vie), voire des couples (Notre histoire, Beau-père, Mon homme). Cette fois-ci, le duo (Charles et son cancer) devient trio (Charles, son cancer et Louisa) qui devient quatuor (Charles, Louisa et leurs cancers). Et au bout du compte, nous avons un couple qui se bat contre un duo.
Bertrand Blier a toujours entretenu une certaine confusion quant au jugement qu’on porte sur son œuvre. Les insultes que peuvent proférer ses protagonistes masculins à l’endroit des femmes l’ont fait passer pour misogyne alors que ce sont précisément ces hommes-là qu’il n’aime pas. Il passe aussi pour un cinéaste noir, pessimiste alors que presque tous ses films, si on y regarde de près, se terminent bien.
C’est particulièrement évident dans Le Bruit des glaçons puisque les deux cancers se retrouvent grugés par les amoureux.
Le scénario de ce dernier film est assez remarquable malgré une petite baisse de régime vers le milieu du film. Autre légère ombre au tableau, Albert Dupontel dont on ne sait s’il joue l’hystérie parce que c’est, chez lui, une seconde nature ou si le personnage était écrit comme ça.
En revanche, les trois autres interprètes sont plus que parfaits : Jean Dujardin parvient sans changer de style à se renouveler dans ce personnage de pochetron amoureux et désespéré.
Anne Alavaro est Louisa, la servante silencieuse et amoureuse, personnage superbe et émouvant d’une justesse remarquable par la grâce du jeu d’une comédienne impériale…
Comme est impériale, du reste, « son cancer », la grande Myriam Boyer. Bertrand Blier en lui offrant ce grand rôle nous fait à nous, public, un très grand cadeau, à la mesure de celui qu’il nous avait fait en lui offrant, à elle, en 1993, dans Un, deux, trois, soleil, le rôle de la mère d’Anouk Grimberg.
Décidément, Le Bruit des glaçons est vraiment le retour d’un grand cinéaste.
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