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Broken Lullaby (L’Homme que j’ai tué) d’Ernst Lubitsch (1932)
11 novembre 1918. Toute la France fête la victoire, mais un jeune Français, Paul Renard, est désespéré. Pendant un assaut, il a tué un Allemand, Walter Hoderlin, qui venait d’écrire à sa fiancée.
Paul part pour l’Allemagne et se fait passer pour un ami que Walter aurait eu à Paris avant la guerre. Il est adopté par les parents de Walter, malgré les réticences du père, et par Elsa qui fut la fiancée de l’homme que Paul a tué.
Ici se trouve encore posé l’éternel problème d’un discours humaniste de fond, confronté à une forme souvent très datée.
Pour apprécier ce très beau film de Lubitsch, il faut définitivement mettre de côté son emphase et ses trémolos et ne retenir que certains plans, souvent fugitifs, qui le jalonnent, comme ce défilé du 11 novembre vu à travers le vide de la jambe manquante d’un mutilé de guerre, comme Paul achevant de signer la dernière lettre de Walter, comme le plan subjectif, vu par Paul, du revers du cadre qui contient le portrait de Walter sur le bureau du docteur Hoderlin ou encore comme l’accueil de madame Hoderlin à Paul.
Certes, ce drame surprend de la part d’un réalisateur dont l’immense (et méritée) notoriété vient de ses comédies, mais on n’en admire que plus la justesse de ton de cette histoire, malgré les défauts mentionnés plus haut qu’on retrouve, surtout, dans le jeu boursouflé de Lionel Barrymore qui parvient cependant à nous émouvoir lorsqu’il déclare, très sobrement (pour une fois !) : « Je me tenais devant cet hôtel lorsque mon fils défilait. Il allait à la mort et moi, j’applaudissais ! »
Au hasard de la distribution, on retrouve dans le rôle de la bonne Zazsu Pitts, la mégère qui meurt de son avarice dans Les Rapaces de Stroheim.
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