dimanche 22 janvier 2023

Les Quatre cavaliers de l’apocalypse (Ingram)

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The Four Horsemen of the Apocalypse (Les Quatre cavaliers de l’apocalypse)

de Rex Ingram (1920)[1]

Le vieux Madariaga, arrivé d’Espagne en Argentine il y a très longtemps a deux filles : Luisa, mariée au Français Marcelo (sic !) Desnoyers et Héléna, mariée à l’Allemand Karl von Hartrott.

Après sept ans de mariage, Luisa met au monde Julio qui va devenir le favori de son grand-père (lui-même prénommé Julio également).

Mais le vieil homme meurt et l’immense domaine est à vendre.

Luisa, Marcelo et Julio rentre en France alors qu’Héléna, Karl et leur fils s’installent en Allemagne.

Mais nous sommes en 1914 et la guerre éclate.

Le film commence par un avertissement qui compare l’Argentine, une sorte de paradis, et l’Europe, le vieux monde et ses conflits militaires et religieux. Dans la version Minnelli, il y a le même genre d’ouverture, mais plus laconique et plus bref.

La première moitié du film ressemble à un mélodrame bourgeois. À ce niveau, le livre « attaquait » la guerre plus rapidement et c’est au cours de ces scènes de batailles qu’apparaissent les héros « éponymes », ces fameux « cavaliers de l’Apocalypse ».

Les scènes de guerre sont d’ailleurs très similaires aux scènes de guerre du roman : l’occupation du château de Desnoyers père y est montré de la même manière de même que la sauvagerie des Allemands. Ces scènes sont absentes de la version Minnelli qui se situe presqu’intégralement à Paris.

Ici, il y a même une allusion à l’intervention américaine absente du livre et pour cause : le livre parut en 1916 et les États-Unis n’intervinrent qu’en avril 1917. Qui plus est le roman est un roman espagnol, mais le film est américain.

Mais on trouve les mêmes Allemands dépravées et la même sauvagerie que dans le livre.

D’une façon générale, Ingram est aussi anti-allemand qu’Ibañez. Cet antigermanisme sera moins évident, plus « feutrée » dans la version Minnelli.

Il faut dire que le livre fut édité pendant le conflit alors que le film sortit en 1920 en pleine vague d’après-guerre alors que la version Minnelli sortit en 1962 soit près de vingt ans après la fin de la seconde guerre mondiale qu’il avait pour cadre.

 Un plan dans la boue du front rappelle le plan final du film de Lewis Milestone À l’ouest rien de nouveau d’après le roman (allemand, lui) écrit par Erich Maria Remarque, écrivain pacifiste qui, chassé par les nazis, émigra en Suisse. Le livre fera partie des œuvres brulées en autodafé par les nazis en mai 1933.

Le film de Rex Ingram n’est pas la première adaptation du roman : en 1916, Léonce Perret, André Heuzé et Henri Poctal adaptent Les Quatre cavaliers de l’apocalypse sur un scénario d’Henri Diamant-Berger. C’est ce film que vit June Mathis qui la décida d’acquérir les droits du roman pour la Métro.

Pour un film muet, l’adaptation d’Ingram nous apparaît (relativement) moderne et on retiendra ses choix esthétiques. Sans être comparable à l’esthétisme « très pensé » de Minnelli, les partis-pris d’Ingram vont bien au-delà des choix qu’on trouvait à cette époque qui fut à la fois l’âge d’or et l’agonie du cinéma muet qui sera balayé sept ans après la sortie des Quatre cavaliers.

De nos jours, ce qu’on retient de la version d’Ingram, c’est que ce fut la révélation du « beau Rudolf », Rodolfo Valentino Guglielmi, plus connus sous le pseudonyme de Rudolf Valentino qui allait bouleverser le public féminin (et pas que… !) pendant des années bien au-delà de son décès prématuré à l’âge de 31 ans en 1926… soit un an avant l’arrivée du cinéma parlant.


[1] Le film est partout daté de 1921, mais le copyright tel qu’il apparaît dans le film est 1920

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