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L’Ange noir (1994) de Jean-Claude Brisseau
Une femme tue un homme, froidement, à bout portant. Puis, elle appelle sa gouvernante qui l’aide à maquiller le meurtre, en la battant et en déchirant ses vêtements. Ensuite, elle téléphone à la police.
La femme est Stéphane Feuvrier, épouse du très respecté Georges Feuvrier, président de la cour d’assises de Bordeaux. Elle raconte à son mari, à son avocat Paul Delarue et à la police que sa victime a tenté de la violer et qu’elle l’a tuée pour se défendre.
La victime, Wadeck Aslanian, était une sorte de cambrioleur anarchiste. Stéphane, qui s’occupe d’une œuvre de bienfaisance et visite les prisons, l’y avait connu. Tout semble clair.
Mais un mystérieux informateur a concocté un jeu de pistes pour l’avocat Delarue, un jeu de piste qui lui révèle par morceaux le passé de Stéphane, un passé qui ne correspond pas tout à fait à ce qu’elle raconte.
Jean-Claude Brisseau a un défaut qui coûte ponctuellement très cher au cinéma français : il semble plus préoccupé à « monter des coups » qu’à réaliser des films. Les Américains font ça aussi, mais comme la tradition américaine est plus aux « films de producteur » qu’aux « films de réalisateur », les « coups » sont plus réussis.
Brisseau avait donc orchestré avec un certain tapage, les débuts à l’écran de Vanessa Paradis dans Noce blanche : « coup » réussi puisque le succès public se doublait d’un césar pour la jeune chanteuse.
Ici, il persévère en donnant à Sylvie Vartan un rôle qui aurait pu être intéressant : l’ex-star du yéyé, ex-idole des jeunes, ex-madame Hallyday, ex… pas mal de choses, n’avait jamais fait d’étincelles au cinéma.
Fille de Pierre Dux dans Patate, chanteuse de beuglant dans Malpertuis, fiancée de son mari de l’époque (cité plus haut) dans l’inénarrable D’où viens- tu, Johnny ?, sans oublier (mais on pourrait l’oublier) chanteuse à la mode de passage dans Cherchez l’idole (encore un « coup » destiné à montrer tous les yéyés dans un seul film qui sera – il y a une justice ! – un échec retentissant), on ne peut pas dire que Sylvie Vartan avait eu beaucoup de chance. A la décharge des réalisateurs (et des films) en question, il faut reconnaître qu’elle n’était pas dotée de dons exceptionnels de comédienne.
Brisseau utilise donc ce côté « glamour » qui lui est venu avec le temps et l’utilise dans un rôle de vamp à la Dietrich, dans un scénario d’une banalité confondante qui plagie partiellement, mais outrageusement, La Lettre de William Wyler avec Bette Davis. Mais Sylvie n’est ni Marlene, ni Bette et si son physique avantageux aurait pu faire illusion, les choses se gâtent singulièrement dès qu’elle parle. Et malheureusement, elle parle dés sa première apparition. « Attends ! » : d’un mot, on sait que le reste sera catastrophique et où on attend du mystère, on n’a que du vide.
Tcheky Karyo est aussi mauvais dans les chuchotements qu’il l’est ailleurs dans les cris (Pardon pour Bergman qui n’a vraiment rien à voir là-dedans !) et Piccoli a l’air de se demander ce qu’il fait là. Nous aussi.
D’ailleurs, pour faire vénéneux, tout est chuchoté, pas un mot n’est prononcé plus haut que l’autre, ce qui devient insupportable au bout de dix minutes.
Brisseau voulait réitérer son succès de Noce blanche, mais avec son Ange noir, il fait chou blanc.
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