jeudi 22 avril 2021

The Homesman

 

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The Homesman (2014) de Tommy Lee Jones

 Mary Bee Cuddy propose à son voisin de l’épouser, car elle a beaucoup de mal à exploiter seule son lopin de terre aride du Nebraska. Mais celui-ci l’éconduit.

Trois hommes du village sont confrontés au même problème : leurs femmes respectives ont perdu la raison. Elles doivent être confiées aux bons soins de docteurs dans l’Iowa.

Mais les trois hommes se défilent et le révérend Dowd confie les trois malheureuses à Mary Bee.

Peu de temps après son départ, celle-ci sauve George Briggs, un voleur, de la pendaison. Elle lui demande de l’accompagner.

Comme le rythme est assez lent, un critique a parlé d’anti-western, ce qui est assez stupide.

Il était une fois dans l’Ouest, l’apothéose westernienne de Sergio Leone, avait un style hiératique et, de fait, une certaine lenteur qui en faisait un western déroutant, mais certainement pas un anti-western !

Bien sûr, il serait excessivement flatteur de comparer The Homesman au superbe film de Leone avec lequel, par ailleurs, il ne partage guère que cette « certaine lenteur ».

Les qualités du film de Tommy Lee Jones sont incontestables, mais elles n’en font tout de même pas un film inoubliable.

Toutefois, malgré cette lenteur un peu maladroite, cet académisme clairement revendiqué et les péripéties (presque) totalement prévisibles dans un « road western » (je dis presque, car le scénario réserve une très grosse surprise au 2/3 du film), The Homesman dégage un charme particulier, une « odeur » singulière.

Dans le sujet, il y a déjà quelque chose de déroutant : le burn-out et les troubles psychiatriques qui en découlent sembleraient, à priori assez peu soluble dans l’univers westernien. Et ces troubles ne sont pas seulement montrés dans des cris ou des attitudes singulières des sujets malades, ils sont aussi montrés dans leurs violences la plus crue : le plan de la femme qui jette son bébé dans les latrines sans état d’âme, comme celui de cette mère hébétée devant les cadavres de ses enfants nous rappellent que, oui, au pays des cow-boys, il pouvait y avoir des névroses, des psychoses autres que celles qu’on trouve en général dans les westerns qui se résument en la simple hystérie sadique du « méchant ».

Alors, même si le film n’est pas un chef d’œuvre absolu, on peut admirer ces moments de réussite cinématographique que sont la « presque » pendaison du héros ou cet hôtel luxueux et improbable au milieu du désert, comme semble incongrue (mais l’était-ce vraiment à l’époque ?) cette demande en mariage que fait cette vieille fille à son voisin, venu seulement pour lui donner un coup de main, uniquement parce qu’avec sa ferme et sa terre, seule, elle n’y arrive plus, loin des clichés de la jolie fermière courtisée par le gentil cow-boy qui vient la demander en mariage en faisant tourner son chapeau entre ses doigts gourds.

Certes, on n’est tout à fait ni dans True Grit des frères Coen, ni dans Shérif Jackson de Logan Miller, mais Hilary Swank et Tommy Lee Jones (derrière et devant la caméra) défendent ardemment leurs couleurs.

 

 

 

 

 

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