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La Place d’une autre (2021) de Aurélia Georges
Juste avant la première guerre mondiale, Nellie est une petite bonne reluquée par son patron et qui va être chassée de sa place pour ne pas lui avoir cédé.
Elle commence à se prostituer et lorsque la guerre éclate, elle devient infirmière au front.
C’est là qu’elle voit mourir Rose Juillet qui, après la mort de son père, est partie pour se faire engager par une amie de celui-ci, une riche veuve qui doit la prendre à son service comme lectrice.
Nellie prend la place de Rose et s’attire aussitôt la sympathie de sa « patronne » Éléonore.
Le film commence plutôt bien en abordant ce qui aurait dû être son fil rouge, la condition des femmes françaises avant, pendant et après « la grande guerre ».
Une fille du peuple, ça se marie très jeune (surtout quand c’est enceinte) ou ça devient boniche ou ça devient pute. Quelquefois, ça « embrasse » les trois états successivement.
Lorsque la boniche se plaint des assiduités « ancillaires » de Monsieur, Madame chasse la boniche et la boniche se retrouve au tapin.
Malheureusement, dans le film, tout ça est expédié en 5 minutes et c’est pourtant ce qui va conditionner le comportement de l’héroïne pour le reste du film, face à une « fille à papa » qui tentera de la renvoyer à ses origines prolétariennes et même en prison.
Tout le reste, c’est du remplissage autour de l’anecdote « de base » : une jeune femme a pris « la place d’une autre » qu’elle ne va pas tarder à considérer comme sa place légitime.
Le film n’a rien de déshonorant et au niveau de la reconstitution, « il ne manque pas un bouton de guêtres ». On s’y ennuie juste un peu comme, semble-t-il, Lina Khoudri qu’on avait découverte dans Papicha et dans Les Bienheureux et revue avec bonheur dans Gagarine et, plus récemment dans un grand rôle dans Novembre de Cédric Jimenez.
Ici, elle a l’air de faire la gueule, voire d’être franchement agacée (comme nous !) par les minauderies insupportables de Sabine Azema.
Mais, encore une fois, ça se laisse voir.