Hangover Square
(1945) de John Brahm
George Harvey Bone est un
talentueux compositeur promis à un avenir des plus brillants. Mais il a un gros
handicap : lorsqu’il est tendu ou nerveux, s’il entend un son discordant,
il tombe dans un état second qui le rend d’autant plus violent qu’il est
inconscient.
Il tue
ainsi un vieil antiquaire, puis ne se souvient de rien, mais comme il reprend
conscience dans le quartier du meurtre et de l’incendie qui a suivi, il se
demande plus tard s’il n’en est pas responsable.
Et c’est pour se détendre
qu’il abandonne la composition de son concerto que sa fiancée et son futur
beau-père, chef d’orchestre, lui réclament avec insistance.
C’est également pour se
détendre qu’il va dans un beuglant où il fait la connaissance d’une chanteuse,
Netta Langdon.
14 avril 1998
Les voies des distributeurs
sont approximativement aussi impénétrables que celles du seigneur. Bien sûr, Hangover
Square a tout de la série B que les Américains ont toujours répugné à
exporter : réalisateur de série B, acteur principal de série B, seconds
rôles de série B (si l’on excepte Linda Darnell et George Sanders, ce qui n’est
déjà pas si mal !).
Mais malgré l’estime d’une
critique unanime, ce chef d’œuvre n’a jamais connu les honneurs du grand écran
qu’au hasard de projections furtives.
Pourtant, la photo de La
Shelle et – surtout ! – la musique de Bernard Herrmann auraient pu, à
elles seules, justifier une sortie. Et c’est à la télévision qu’on doit la
découverte de cet O.C.N.I. (Objet Cinématographique Non Identifié) caché sous
l’apparence flatteuse, mais commune, d’un polar de série B.
Diffusé par FR3, le 15
juillet 1979, dans le cadre du cycle « Films noirs américains » au
cinéma de minuit, c’est une merveille qu’on ne se lasse ni de revoir… ni
d’entendre.
Car si l’intérêt de Vertigo est imputable pour beaucoup
à Bernard Hermann, celui d’Hangover Square est moins évident à partager.
Il y a la réalisation lyrique (mais sans emphase) de Brahm, les ambiances
nocturnes « hallucinées » de La Shelle, l’interprétation tout en
demi-teinte (une performance dans le cinéma hollywoodien de l’époque !) de
Laird Gregar et George Sanders et surtout le Concerto macabre de Bernard Herrmann, véritable épine dorsale du
film.
Quant au scénario
(exemplaire !), il joue sur le mythe de Docteur Jekyll & Mr Hyde dans lequel la pauvre Ivy, devenue
Netta, ne serait plus une pauvre victime, mais une sale garce qui finira tout
de même comme l’Ivy de Stevenson.
Et tous ces ingrédients,
dont le dosage lui-même est magique, donne une réussite… à 100%.
29 octobre 2017
Comme
souvent, un film idolâtré et devenu mythique peut être revu à la baisse.
Qu’on ne se méprenne pas !... Hangover Square reste un grand film. Le jugement que je portais sur le film il y a dix-sept
ans n’a pas fondamentalement changé : l’interprétation hallucinée de Laird
Gregar, le concerto macabre de Bernard Herrmann (véritable star du film) et les
ambiances « à la Jack l’Éventreur » de la merveilleuse photographie
de Joseph La Shelle sont toujours aussi magiques. Au niveau de la mise en
scène, j’ai même redécouvert les très beaux plans-séquence dans les scènes de
rue dont je ne me souvenais pas (Honte à moi !).
Le seul bémol, c’est l’histoire
elle-même avec la passion du grand compositeur pour la gourgandine, goualeuse
de beuglant et pute amateur (mais qui a tout d’une
professionnelle !) : l’argument s’étire exagérément et le cabotinage
excessif de Linda Darnell n’arrange rien !
Mais comme je l’ai dit Hangover Square reste un grand film !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire