mardi 5 mai 2020

Hangover Square


Hangover Square (1945) de John Brahm

George Harvey Bone est un talentueux compositeur promis à un avenir des plus brillants. Mais il a un gros handicap : lorsqu’il est tendu ou nerveux, s’il entend un son discordant, il tombe dans un état second qui le rend d’autant plus violent qu’il est inconscient.
Il tue ainsi un vieil antiquaire, puis ne se souvient de rien, mais comme il reprend conscience dans le quartier du meurtre et de l’incendie qui a suivi, il se demande plus tard s’il n’en est pas responsable.
Et c’est pour se détendre qu’il abandonne la composition de son concerto que sa fiancée et son futur beau-père, chef d’orchestre, lui réclament avec insistance.
C’est également pour se détendre qu’il va dans un beuglant où il fait la connaissance d’une chanteuse, Netta Langdon.
14 avril 1998
Les voies des distributeurs sont approximativement aussi impénétrables que celles du seigneur. Bien sûr, Hangover Square a tout de la série B que les Américains ont toujours répugné à exporter : réalisateur de série B, acteur principal de série B, seconds rôles de série B (si l’on excepte Linda Darnell et George Sanders, ce qui n’est déjà pas si mal !).
Mais malgré l’estime d’une critique unanime, ce chef d’œuvre n’a jamais connu les honneurs du grand écran qu’au hasard de projections furtives.
Pourtant, la photo de La Shelle et – surtout ! – la musique de Bernard Herrmann auraient pu, à elles seules, justifier une sortie. Et c’est à la télévision qu’on doit la découverte de cet O.C.N.I. (Objet Cinématographique Non Identifié) caché sous l’apparence flatteuse, mais commune, d’un polar de série B.
Diffusé par FR3, le 15 juillet 1979, dans le cadre du cycle « Films noirs américains » au cinéma de minuit, c’est une merveille qu’on ne se lasse ni de revoir… ni d’entendre.
Car si l’intérêt de Vertigo est imputable pour beaucoup à Bernard Hermann, celui d’Hangover Square est moins évident à partager. Il y a la réalisation lyrique (mais sans emphase) de Brahm, les ambiances nocturnes « hallucinées » de La Shelle, l’interprétation tout en demi-teinte (une performance dans le cinéma hollywoodien de l’époque !) de Laird Gregar et George Sanders et surtout le Concerto macabre de Bernard Herrmann, véritable épine dorsale du film.
Quant au scénario (exemplaire !), il joue sur le mythe de Docteur Jekyll & Mr Hyde dans lequel la pauvre Ivy, devenue Netta, ne serait plus une pauvre victime, mais une sale garce qui finira tout de même comme l’Ivy de Stevenson.
Et tous ces ingrédients, dont le dosage lui-même est magique, donne une réussite… à 100%.
29 octobre 2017

Comme souvent, un film idolâtré et devenu mythique peut être revu à la baisse.
Qu’on ne se méprenne pas !... Hangover Square reste un grand film. Le jugement que je portais sur le film il y a dix-sept ans n’a pas fondamentalement changé : l’interprétation hallucinée de Laird Gregar, le concerto macabre de Bernard Herrmann (véritable star du film) et les ambiances « à la Jack l’Éventreur » de la merveilleuse photographie de Joseph La Shelle sont toujours aussi magiques. Au niveau de la mise en scène, j’ai même redécouvert les très beaux plans-séquence dans les scènes de rue dont je ne me souvenais pas (Honte à moi !).
Le seul bémol, c’est l’histoire elle-même avec la passion du grand compositeur pour la gourgandine, goualeuse de beuglant et pute amateur (mais qui a tout d’une professionnelle !) : l’argument s’étire exagérément et le cabotinage excessif de Linda Darnell n’arrange rien !
Mais comme je l’ai dit  Hangover Square reste un grand film !

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