jeudi 7 mai 2020

Pour une poignée de dollars

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Pour une poignée de dollars - film 1964 - AlloCiné ***

Per un pugno di dollari (Pour une poignée de dollars) de Sergio Leone (1964)
Un étranger arrive dans une petite ville mexicaine proche de la frontière américaine. Il y voit un petit garçon qui se faufile dans une maison où se trouve sa mère, mais deux brutes le ramènent à son père qu’ils battent.
L’étranger se rend à l’auberge et il apprend par l’aubergiste que la ville est en état de siège à cause des deux familles qui possèdent quasiment tout et qui se font une guerre sans merci : les Baxter, américains, qui trafiquent les armes et les Rojo, mexicains, qui trafiquent l’alcool.
L’aubergiste propose à l’étranger de lui offrir un dîner à condition qu’il s’en aille juste après.
Mais les hommes de Baxter ont tiré sur son mulet à son arrivée et l’étranger les tue.
Il est alors engagé par Don Benito Rojo.

Sergio Leone, c’est toute une vie consacrée au cinéma depuis sa plus tendre enfance (sa mère était l’actrice Bice Waleran et son père Vincenzo acteur, scénariste et réalisateur) jusqu’à sa mort.
Mais sa filmographie, ce ne sont que sept longs métrages : le premier était ce qu’on appelle un péplum (Le Colosse de Rhodes) et le dernier un (grand) film noir (Il était une fois en Amérique).
Les cinq autres films sont des westerns. Mais c’est après le troisième Le Bon, la brute et le truand qu’il décide qu’il ne tournera plus de westerns. Il en tournera pourtant deux : Il était une fois dans l’ouest qui est sans doute son chef d’œuvre (statut que lui dispute son dernier film) et Il était une fois la révolution, le plus mal-aimé de sa filmographie, bien qu’il soit une peu revu à la hausse depuis quelques années.
Pour une poignée de dollars, c’est donc l’œuvre initiale de ce qu’on appelle aujourd’hui La Trilogie du dollar et qui sera suivi par Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la brute et le truand déjà mentionné.
Produit en 1964, le film est un « remake » d’un film de Kurosawa Yojinbo, Le Garde du corps en français, lui-même un remake d’un film américain d’après Dashiell Hammett. En fait, le film de Leone sera qualifié de plagiat et attaqué en justice par le producteur japonais qui gagnera son procès.
Aussi peut-on penser que c’est par dépit que Leone qualifiera plus tard de « film mineur », cette œuvre de Kurosawa. Et c’est aussi en raison de cette accusation de plagiat que le film sera accueilli par l’intelligentsia critique française avec un mépris condescendant.
Bien entendu, le film a été réévalué depuis et il est même considéré comme un film-culte aux États-Unis.
Mais on se doit de reconnaître que, prendre un film de Kurosawa, se l’approprier pour en faire son grand œuvre initial et qui est un concentré de tout ce qui fera le « style Leone », il fallait tout simplement du génie.
L’accent n’est pas mis sur les mêmes détails que dans le film japonais. Par exemple, la femme enlevée à son mari et à son petit garçon pour être la « favorite du méchant » n’intervient qu’assez tard chez Kurosawa alors que c’est la première séquence du film de Sergio Leone.
En revanche, certaines séquences ont été filmées et montées chez Leone en « copier-coller » de la séquence correspondante chez Kurosawa comme le démontrait l’excellente exposition Sergio Leone à la Cinémathèque française en 2018.
Le film, à l’époque de sa sortie, se présenta comme un film américain, ce qui avait été le cas du film précédent de Leone, Le Colosse de Rhodes, qu’il signa Bob Robertson, ce qui lui permettait, dans le même temps de rendre hommage à son père dont le pseudonyme était Roberto Roberti. Dans le DVD actuel, le film est signé Sergio Leone.
En revanche, si Clint Eastwood (Américain) et Marianne Koch (Allemande) apparaissent au générique sous leurs noms, certains acteurs (allemands, mais surtout italiens) apparaissent sous des pseudo « américanisants », à commencer par le rôle du « méchant » Gian Maria Volontè qui devient ici Johnny Wels.
Le casting n’a rien d’ébouriffant : face au surjeu de certains, comme Volontè justement, nous avons le jeu que ses admirateurs qualifient de marmoréen et que ses détracteurs (dont il peut m’arriver d’être !) qualifient d’inexpressif du (pas encore) trumpien Eastwood.
Mais incontestablement, on est face à autre chose qu’un western-spaghetti lambda !

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