Per un pugno di dollari (Pour
une poignée de dollars) de Sergio Leone (1964)
Un étranger arrive dans une petite ville mexicaine
proche de la frontière américaine. Il y voit un petit garçon qui se faufile
dans une maison où se trouve sa mère, mais deux brutes le ramènent à son père
qu’ils battent.
L’étranger
se rend à l’auberge et il apprend par l’aubergiste que la ville est en état de
siège à cause des deux familles qui possèdent quasiment tout et qui se font une
guerre sans merci : les Baxter, américains, qui trafiquent les armes et
les Rojo, mexicains, qui trafiquent l’alcool.
L’aubergiste
propose à l’étranger de lui offrir un dîner à condition qu’il s’en aille juste
après.
Mais
les hommes de Baxter ont tiré sur son mulet à son arrivée et l’étranger les
tue.
Il est alors
engagé par Don Benito Rojo.
Sergio
Leone, c’est toute une vie consacrée au cinéma depuis sa plus tendre enfance
(sa mère était l’actrice Bice Waleran et son père Vincenzo acteur, scénariste et
réalisateur) jusqu’à sa mort.
Mais sa filmographie, ce ne sont que
sept longs métrages : le premier était ce qu’on appelle un péplum (Le Colosse de
Rhodes) et le dernier un (grand) film noir (Il était une fois en Amérique).
Les cinq autres films sont des
westerns. Mais c’est après le troisième Le Bon, la brute et le truand qu’il
décide qu’il ne tournera plus de westerns. Il en tournera pourtant deux : Il était une fois dans l’ouest qui est
sans doute son chef d’œuvre (statut que lui dispute son dernier film) et Il était une fois la révolution, le plus mal-aimé de sa filmographie, bien qu’il soit
une peu revu à la hausse depuis quelques années.
Pour
une poignée de dollars, c’est donc
l’œuvre initiale de ce qu’on appelle aujourd’hui La Trilogie du dollar et qui sera suivi par Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la brute et le truand déjà
mentionné.
Produit en 1964, le film est un
« remake » d’un film de Kurosawa Yojinbo, Le Garde du
corps en français, lui-même un remake d’un film américain d’après Dashiell
Hammett. En fait, le film de Leone sera qualifié de plagiat et attaqué en
justice par le producteur japonais qui gagnera son procès.
Aussi peut-on penser que c’est par
dépit que Leone qualifiera plus tard de « film mineur », cette œuvre
de Kurosawa. Et c’est aussi en raison de cette accusation de plagiat que le
film sera accueilli par l’intelligentsia critique française avec un mépris
condescendant.
Bien entendu, le film a été réévalué depuis
et il est même considéré comme un film-culte aux États-Unis.
Mais on se doit de reconnaître que,
prendre un film de Kurosawa, se l’approprier pour en faire son grand œuvre
initial et qui est un concentré de tout ce qui fera le « style
Leone », il fallait tout simplement du génie.
L’accent n’est pas mis sur les mêmes
détails que dans le film japonais. Par exemple, la femme enlevée à son mari et
à son petit garçon pour être la « favorite du méchant » n’intervient
qu’assez tard chez Kurosawa alors que c’est la première séquence du film de
Sergio Leone.
En revanche, certaines séquences ont
été filmées et montées chez Leone en « copier-coller » de la séquence
correspondante chez Kurosawa comme le démontrait l’excellente exposition Sergio
Leone à la Cinémathèque française en 2018.
Le film, à l’époque de sa sortie, se
présenta comme un film américain, ce qui avait été le cas du film précédent de
Leone, Le
Colosse de Rhodes, qu’il signa Bob Robertson, ce qui lui permettait,
dans le même temps de rendre hommage à son père dont le pseudonyme était
Roberto Roberti. Dans le DVD actuel, le film est signé Sergio Leone.
En revanche, si Clint Eastwood (Américain)
et Marianne Koch (Allemande) apparaissent au générique sous leurs noms,
certains acteurs (allemands, mais surtout italiens) apparaissent sous des
pseudo « américanisants », à commencer par le rôle du
« méchant » Gian Maria Volontè qui devient ici Johnny Wels.
Le casting n’a rien
d’ébouriffant : face au surjeu de certains, comme Volontè justement, nous
avons le jeu que ses admirateurs qualifient de marmoréen et que ses détracteurs
(dont il peut m’arriver d’être !) qualifient d’inexpressif du (pas encore)
trumpien Eastwood.
Mais incontestablement, on est face à
autre chose qu’un western-spaghetti lambda !
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