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À l’origine (2009) de Xavier Giannoli
Paul, petit
escroc sans envergure, sévit dans le domaine du BTP : il vole du matériel
de location sous un faux nom puis le « fourgue » à Abel, un truand.
Mais
en préparant sa prochaine escroquerie, Paul est pris pour un représentant de la
société qui avait entrepris, puis abandonné les travaux d’une bretelle
d’autoroute qui devait donner du travail à une grande partie des chômeurs de la
région.
Sous le nom de
Philippe Muller, Paul fait miroiter une reprise de travaux pour toucher, par
avance, des commissions. Mais en vivant au milieu de tous ses futurs
« escroqués », il va se prendre au jeu.
Adapté d’un fait divers réel, le film, quelques mois
après sa sortie, connut une curieuse « relance » : Philippe
Berre (le Paul du film) fut arrêté pour avoir refait ce qui lui avait valu cinq
ans de prison en 1997 à Saint Marceau dans la Sarthe.
Xavier Giannoli et Marcia Romano se
sont donc inspirés de l’affaire de la « A28 », cette portion
d’autoroute censée joindre Le Mans et Tours. Philippe Berre est à la fois
escroc et mythomane et, curieusement, le déséquilibre mental du personnage,
sans être complètement gommé est très atténué dans le scénario.
Paul est avant tout un escroc qui sera
touché, non par la grâce, mais par la compassion pour cette population qui
croit en lui, non par ingénuité ou par bêtise, mais parce qu’elle n’a pas le
choix.
Mais le fait que cette empathie ne soit
expliquée dans le film par rien, fait un peu patiner l’histoire qui s’englue.
Pour ne rien arranger, l’idylle avec le maire (assez mal interprétée par
Emmanuelle Devos dont on se demande bien pourquoi on lui a décerné pour ce
rôle-ci, le César de la meilleure interprète féminine dans un second rôle)
immobilise le tout et fait durer le film un peu plus que de raison à cause de
cette histoire sentimentale sans intérêt, mal traitée et complètement à côté de
la plaque.
François Cluzet est d’une justesse
constante (lui aurait mérité le césar !). Quant aux autres interprètes
(mise à part Emmanuelle Devos, ici minaudante), ils sont superbes :
Thierry Godard, l’homme d’affaires un peu crapuleux, mais « qui y
croit », Vincent Rottiers, le faux petit voyou et, surtout, une
révélation, Stéphanie Sokolinsky dans le rôle de Monika avec sa moue butée et
son acharnement de pitbull.
Le scénario en fait l’emblème, la
porte-parole de cette population qui veut croire en cette portion d’autoroute.
Dans ce cas très précis, l’espoir fait vivre.
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