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Saint-Cyr (2000) de Patricia Mazuy
En
1686, Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon et épouse morganatique de
Louis XIV, fonde l’institution Saint-Cyr, qui doit s’attacher à l’éducation de
250 jeunes filles pauvres de la noblesse.
Mais la
marquise – comme le reste de la cour – est obsédée par le poids de ses péchés
et des vicissitudes d’une vie d’intrigues qui, pour l’avoir menée au faîte de
la gloire, ne lui laisse au bout du compte qu’amertume et remords. Elle n’en
est que plus dure avec ses jeunes pupilles.
Elle jette son dévolu sur
une jeune fille sensible et malléable, mais la meilleure amie de celle-ci se
révolte contre les manœuvres de la despotique marquise.
Il est malaisé de résumer le
film de Patricia Mazuy, puisqu’au bout du compte, la réalisatrice veut plus
faire la chronique d’une époque donnée que développer une intrigue. Mais
l’exercice est périlleux puisque cette chronique tourne exclusivement autour de
madame de Maintenon.
Petit fille
d’Agrippa d’Aubigné et élevée dans la religion calviniste qu’elle abjura à
l’âge de quatorze ans, Françoise d’Aubigné garda toujours de ses origines
« parpaillotes » une « modestie » (au sens 17ème
siècle du terme) et une fidélité à la religion qui confinait à la bigoterie,
bien qu’ayant épousé entre-temps le poète Scarron, ex-chanoine grabataire à la
réputation de débauché.
Arrivée à
la cour grâce à son amie d’enfance, la belle Athénaïs de Mortemart, marquise de
Montespan, Françoise Scarron vécut des années dans l’ombre de sa volcanique
protectrice. Entre autres intrigues, elle éleva les bâtards royaux dans la
haine de leur mère qu’elle supplanta auprès du roi après l’affaire des poisons
et le bannissement de la favorite. Devenu veuf, Louis XIV fit secrètement de
madame de Maintenon son épouse morganatique.
Or, l’affaire
des poisons, précisément, et le caractère dévot de madame de Maintenon
provoquèrent à la cour un vent de religiosité quelque peu excessif. La peur de
l’enfer était devenue une maladie à la mode. La cour détesta très vite celle
qu’elle n’appelait plus que « la veuve Scarron ». Elle fut tellement
haïe que plus de trois cents ans après, certains imputent encore à cette
ancienne huguenote la responsabilité politique de la révocation de l’Edit de
Nantes.
Prisonnière
du cadre de Saint-Cyr (après tout, c’est le titre du film !), Patricia
Mazuy ne rend qu’imparfaitement, mais avec beaucoup de talent, le caractère
énigmatique de cette femme étrange qu’Isabelle Huppert rend plus mystérieuse
encore.
Les qualités
du film reposent sur une certaine peinture de la passion que vient souligner
l’aspect austère de Saint-Cyr et une interprétation hors pair au milieu de
laquelle brille Isabelle Huppert dont on peut regretter, cependant qu’elle
n’ait pas plus amené le personnage à elle et, en même temps, qu’elle ne se soit
pas plus identifiée à cette femme hors du commun.
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