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Yo También (2009) d’Àlvaro Pastor et Antonio
Naharro
Daniel Sanz est un homme de 34 ans trisomique et
surdoué. Il est le premier trisomique européen à avoir obtenu un diplôme
universitaire. Il est engagé dans le service du centre social de Séville qui
s’occupe des handicapés.
Il
se lie d’amitié avec Laura, sa collègue. Et leur amitié se renforce et suit son
cours, malgré (ou grâce à) le regard des autres.
Mais, bien
évidemment, cette amitié commence à glisser d’une grande complicité à un rapport
plus sentimental. Et si ce sentiment est partagé par Daniel et Laura, la jeune
femme a plus de mal à l’assumer.
Une fois de plus, on est en droit de se demander
pourquoi les distributeurs français, cuistres et vulgaires à leur habitude
n’ont pas cru bon de traduire le titre qui signifie tout simplement « Moi
aussi » en français. Mais ne nous plaignons pas nous avons échappé à
« Me Too » comme titre français !
Bien entendu, le vrai handicap souligné
par le film, c’est la relation amoureuse « hors norme » de Daniel et
Laura. Plus exactement, c’est « l’interdiction » de fait pour tout
trisomique d’avoir une relation amoureuse, fusse entre trisomiques : lorsque
deux jeunes trisomiques tombent amoureux l’un de l’autre, la mère de la jeune
femme commence par séquestrer sa fille, puis par la faire rechercher par la
police après sa fuite avec son « fiancé ». Elle finira tout de même par
accepter cette histoire d’amour entre sa fille et un autre trisomique.
La mère de Daniel a, du reste, la même
réaction vis-à-vis de Laura.
Le regard simple et direct des deux
réalisateurs sur le handicap désamorce toute velléité de voyeurisme et/ou de
gêne vis-à-vis de cette histoire d’amitié, d’amour, de sentiments et de sexe.
Le scénario est tiré de la vie et des
expériences de Pablo Pineda, l’interprète du rôle de Daniel et c’est peu dire
qu’il évite les écueils du genre Rain Man, voire Huitième jour dans lesquels un
homme normal, voire un salaud, devait se traîner un handicapé et, après l’avoir
découvert, était « touché par la grâce » et servait d’ange gardien au
« pauvre handicapé ».
Rien de tout ça ici. Daniel se moque de
la commisération et son amour pour Laura vient sans doute aussi du fait qu’elle
n’a pas systématiquement les yeux embués quand elle le regarde.
Et puis, et surtout, il y a l’humour de
Daniel, les dialogues assez percutants du film : lorsque Laura demande à
Daniel s’il n’a pas songé pour assouvir ses désirs sexuels, à la prostitution,
Daniel répond : « Tu crois que
les femmes pourraient me payer ? »
Yo
tambien est, comme ses héros, un film
hors norme sur la normalité. Il prend le sujet à bras le corps, ne s’appesantit
pas et, sans aucun sentimentalisme, ni pathos, il nous amène doucement à
partager pour un temps la complicité de ces deux amis/amants extraordinaires.
Toute la distribution est superbe,
mais, bien sûr, on salue tout particulièrement Pablo Pineda et la merveilleuse
Lola Dueñas, avec un regret cependant concernant cette dernière : elle est
blonde pendant les trois premiers quarts du film et elle est vachement mieux en
brune !
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