mardi 12 mai 2020

Yo También


Yo, También - film 2009 - AlloCiné ***
Yo También (2009) d’Àlvaro Pastor et Antonio Naharro
 Daniel Sanz est un homme de 34 ans trisomique et surdoué. Il est le premier trisomique européen à avoir obtenu un diplôme universitaire. Il est engagé dans le service du centre social de Séville qui s’occupe des handicapés.
Il se lie d’amitié avec Laura, sa collègue. Et leur amitié se renforce et suit son cours, malgré (ou grâce à) le regard des autres.
Mais, bien évidemment, cette amitié commence à glisser d’une grande complicité à un rapport plus sentimental. Et si ce sentiment est partagé par Daniel et Laura, la jeune femme a plus de mal à l’assumer.
Une fois de plus, on est en droit de se demander pourquoi les distributeurs français, cuistres et vulgaires à leur habitude n’ont pas cru bon de traduire le titre qui signifie tout simplement « Moi aussi » en français. Mais ne nous plaignons pas nous avons échappé à « Me Too » comme titre français !
Bien entendu, le vrai handicap souligné par le film, c’est la relation amoureuse « hors norme » de Daniel et Laura. Plus exactement, c’est « l’interdiction » de fait pour tout trisomique d’avoir une relation amoureuse, fusse entre trisomiques : lorsque deux jeunes trisomiques tombent amoureux l’un de l’autre, la mère de la jeune femme commence par séquestrer sa fille, puis par la faire rechercher par la police après sa fuite avec son « fiancé ». Elle finira tout de même par accepter cette histoire d’amour entre sa fille et un autre trisomique.
La mère de Daniel a, du reste, la même réaction vis-à-vis de Laura.
Le regard simple et direct des deux réalisateurs sur le handicap désamorce toute velléité de voyeurisme et/ou de gêne vis-à-vis de cette histoire d’amitié, d’amour, de sentiments et de sexe.
Le scénario est tiré de la vie et des expériences de Pablo Pineda, l’interprète du rôle de Daniel et c’est peu dire qu’il évite les écueils du genre Rain Man, voire Huitième jour dans lesquels un homme normal, voire un salaud, devait se traîner un handicapé et, après l’avoir découvert, était « touché par la grâce » et servait d’ange gardien au « pauvre handicapé ».
Rien de tout ça ici. Daniel se moque de la commisération et son amour pour Laura vient sans doute aussi du fait qu’elle n’a pas systématiquement les yeux embués quand elle le regarde.
Et puis, et surtout, il y a l’humour de Daniel, les dialogues assez percutants du film : lorsque Laura demande à Daniel s’il n’a pas songé pour assouvir ses désirs sexuels, à la prostitution, Daniel répond : « Tu crois que les femmes pourraient me payer ? »
Yo tambien est, comme ses héros, un film hors norme sur la normalité. Il prend le sujet à bras le corps, ne s’appesantit pas et, sans aucun sentimentalisme, ni pathos, il nous amène doucement à partager pour un temps la complicité de ces deux amis/amants extraordinaires.
Toute la distribution est superbe, mais, bien sûr, on salue tout particulièrement Pablo Pineda et la merveilleuse Lola Dueñas, avec un regret cependant concernant cette dernière : elle est blonde pendant les trois premiers quarts du film et elle est vachement mieux en brune !

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